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reau et de ses mensonges, quand vous avez devant vous la vérité et un monde tout frais sorti des mains de Dieu ?

— Votre main, cher oncle ; nous nous comprenons l’un l’autre. À présent, aidez-moi auprès de ces deux paisibles cœurs que nous avons à la maison.

— Peste soit de ma langue ! qu’ai-je fait ? » s’écria le capitaine effaré. Puis, après avoir un peu réfléchi, il tourna sur moi son œil noir et dit en grognant : « Je soupçonne, jeune homme, que vous m’avez tendu un piège ; et j’y suis tombé, comme un vieux fou que je suis.

— Oh ! si vraiment vous préférez le barreau…

— Fripon !

— Ou peut-être obtiendrai-je une place de commis chez quelque marchand.

— Si cela vous arrive, je vous raye de la généalogie.

— Hourra donc pour l’Australie !

— Bien, bien ! » dit mon oncle,

La bouche souriante et les larmes aux yeux ;

« le sang du vieux roi des mers l’emporte ! Soldat ou aventurier, vous n’avez pas d’autre choix. Nous porterons le deuil de votre absence ; mais qui peut enchaîner à leur aire les jeunes aiglons ? »

La tâche fut plus rude auprès de mon père, qui d’abord sembla m’écouter comme si je parlais d’un voyage à la lune. Mais après que j’eus adroitement introduit une phrase relative aux vieilles cleruchiæ grecques citées par Trévanion, il se mit à trotter sur son dada, fit une courte promenade dans l’Eubée et la Chersonèse, et se perdit tout à fait dans les colonies ioniennes de l’Asie-Mineure. Je l’attirai alors peu à peu et artificieusement dans son ethnologie favorite ; et, tandis qu’il dissertait sur l’origine des sauvages d’Amérique, et discutait les prétentions rivales des Cimmériens, des Israélites et des Scandinaves, je dis tranquillement :

« Et vous, père, qui croyez que tout perfectionnement de l’humanité dépend du mélange des races, vous dont toute la théorie n’est qu’un plaidoyer en faveur de l’émigration, de la transplantation et du croisement de notre espèce, vous deviez être le dernier à enchaîner au sol votre fils, votre fils aîné,