Page:Bulwer-Lytton - Aventures de Pisistrate Caxton.djvu/385

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Je me rapprochai de lui sans faire aucune réponse.

« Mais je vous ai étudié depuis quelque temps, continua mon père, et j’ai remarqué que vos anciennes études vous sont devenues désagréables ; j’ai causé de cela avec Roland, et je vois que votre désir est plus qu’un simple caprice d’enfant. Puis, je me suis demandé quel avenir j’ai à vous offrir ici pour vous y retenir content, et je n’en ai trouvé aucun. C’est pourquoi je devrais vous dire : Va ton chemin, et Dieu te protège !… Mais, Pisistrate, votre mère ?

— Ah ! père, voilà en effet la question, et c’est là ce qui me fait frémir. Mais, après tout, quelque carrière que je suive, soit que je m’épuise au barreau, soit que je travaille dans quelque administration publique, il me faudra toujours être loin d’ici et loin d’elle. D’ailleurs père, elle vous aime tant, que…

— Non, interrompit mon père, vous ne pouvez vous servir d’arguments de ce genre pour toucher un cœur de mère. Il n’en est qu’un qui puisse le toucher ; est-ce pour votre bien que vous la quittez ? S’il en est ainsi, il ne sera pas besoin d’autres paroles. Mais ne décidons de rien à la hâte ; vivons ensemble, nous deux, pendant deux mois. Prenez vos livres, asseyez-vous à côté de moi ; quand vous voudrez sortir, tapez-moi sur l’épaule et dites : « Sortons. » À la fin de ces deux mois, je vous dirai : Partez ou Restez. Mais vous aurez pleine confiance en moi ; et si je vous dis : Restez, vous vous soumettrez ?

— Oh ! oui, père, oui ! »


CHAPITRE II.

Ce pacte conclu, mon père laissa là toutes ses études, me consacra toutes ses pensées, employa toute sa douce sagesse à me sevrer imperceptiblement de l’idée fixe qui me tyrannisait, et fouilla par toute sa grande pharmacie de livres pour y trouver des médicaments capables de changer le cours de