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d’une petite scie, d’une doloire et d’un coutelas ; et, lorsque je l’abordai, il me regarda de dessous ses noirs sourcils d’un air de compassion boudeuse et me dit avec humeur :

« Belles armes que celles-ci pour le fils d’un gentilhomme !… un peu d’acier en forme d’épée les vaudrait toutes.

— Toute arme qui sert à vaincre le destin est noble dans les mains d’un brave, mon oncle.

— Ce garçon a réponse à tout, » dit le capitaine en souriant ; puis il tira sa bourse pour payer le marchand.

Quand nous fûmes seuls, je lui dis :

« Oncle, il faut que vous alliez voir lady Ellinor ; elle m’a chargé de vous le dire.

— Peuh !

— N’irez-vous pas ?

— Non.

— Oncle, je crois qu’elle a à vous entretenir de… de… pardonnez-moi !… de votre enfant.

— De Blanche ?

— Non, non ; de celui que je n’ai jamais vu. »

Roland pâlit, se laissa tomber sur une chaise et dit en balbutiant :

« De lui ! de mon fils !

— Oui ; mais je ne pense pas que ces nouvelles soient de nature à vous affliger. Oncle, êtes-vous bien sûr de la mort de mon cousin ?

— Quoi !… Comment osez-vous ? qui en doute ? Il est mort… à jamais mort pour moi !… Enfant, voudriez-vous qu’il vécût pour déshonorer ces cheveux gris ?

— Pardonnez-moi, oncle ! pardonnez-moi ; mais, je vous en prie, allez voir lady Ellinor : car, quelle que soit cette nouvelle, je vous le répète, je suis sûr qu’elle ne peut vous blesser.

— Elle ne peut me blesser… et pourtant elle le concerne, lui ! »

Il est impossible d’exprimer au lecteur le désespoir qu’il y avait dans ces paroles.

« Peut-être, dis-je à demi-voix, après un long silence, car j’étais agité d’une crainte respectueuse, peut-être, s’il est mort, s’est-il repenti de tous ses torts envers vous avant de mourir.

— Repenti !… ah ! ah !

— Ou s’il n’est pas mort…