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comme s’écrie le Cygne d’une manière si touchante. Je jurerais que ce souhait fut souvent sur les lèvres du Cygne dans la retraite de sa vie domestique. »

Mon cœur fut touché, non du pathos emprunté à ce Cygne tant profané, mais des simples paroles que M. Peacock rapportait de Vivian. Je détournai la tête afin de me soustraire aux regards pénétrants de mon compagnon… et le cabriolet s’arrêta devant le pont de Londres.

Je n’avais rien de plus à demander, et pourtant il me restait une inquiète curiosité que j’avais peine à m’expliquer. N’était-ce pas de la jalousie ? Ce Vivian si beau, si audacieux, il pouvait voir la grande héritière. Lady Ellinor ne soupçonnait peut-être aucun danger de ce côté ; mais moi, j’aimais… j’aimais encore, et… ah ! c’était folie en vérité !

« Mon brave homme, dis-je à l’ex-comédien, je ne veux nuire ni à M. Vivian (s’il faut l’appeler ainsi), ni à vous qui l’imitez par la variété de vos noms. Mais je vous avoue franchement qu’il me déplaît de vous voir au service de M. Trévanion ; et je vous conseille d’en sortir le plus tôt que vous pourrez. Je ne vous en dis pas davantage pour le moment, car je prendrai le temps de réfléchir aux réponses que vous m’avez faites. »

Sur ce, je m’éloignai, et M. Peacock traversa seul le pont de Londres.


CHAPITRE VII.

Parmi tout ce qui déchira mon cœur ou tourmenta mon imagination en ce jour mémorable, j’éprouvai du moins une émotion de joie, lorsqu’en entrant dans notre petit salon j’y trouvai mon oncle assis.

Le capitaine avait ouvert devant lui sur la table une grande Bible empruntée à l’hôtesse. Certes, il ne voyageait jamais sans sa propre Bible ; mais elle était imprimée en petits caractères, et Roland commençait à y voir difficilement la nuit à