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la lumière. La Bible qu’il avait empruntée était imprimée en gros caractères, et une bougie était allumée de chaque côté du livre. Le capitaine avait les coudes appuyés sur la table, et ses deux mains serraient étroitement son front, comme pour en exclure le tentateur, et forcer son âme à ne s’occuper que du texte sacré.

Il était assis là comme une statue de bronze du Courage ; tous les traits de cet homme austère exprimaient la résolution. « Je ne veux pas écouter mon cœur, je veux lire le livre et apprendre à souffrir comme il convient à un chrétien. » Il y avait tant d’éloquence dans l’attitude de ce noble martyr, que j’entendis ces paroles aussi distinctement que si sa bouche les avait prononcées.

Ô vieux soldat ! tu as rempli les devoirs du soldat en maint combat sanglant ; mais si je pouvais montrer au monde ton vaillant cœur de soldat, je te peindrais tel que je te vis alors… Mais cette tâche est trop au-dessus de cette main novice. Au mouvement que je fis, le capitaine leva les yeux, et je lus sur sa figure toute la lutte qu’il avait soutenue.

« Cela m’a fait du bien, » dit-il simplement en fermant le livre.

J’approchai une chaise de la sienne, et je passai mon bras par-dessus son épaule.

« Pas de bonnes nouvelles, donc ? » demandai-je tout bas.

Roland secoua la tête et mit doucement un doigt sur ses lèvres.


CHAPITRE VIII.

Il m’était impossible de mêler aux pensées de Roland, quelle que fût leur nature, le détail des circonstances qui avaient excité en moi une si grande inquiétude et un si vif intérêt en des choses qui ne se rapportaient point à ses chagrins.

Cependant, tandis que je me retournais fatigué et inquiet dans mon lit, mon esprit réfléchit plus mûrement à cet étrange