Page:Bulwer-Lytton - Aventures de Pisistrate Caxton.djvu/434

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remplir quelques commissions dont Bolding m’avait chargé. Cela fait, je me dirigeai machinalement vers le West-End, presque décidé à voir lady Ellinor et à la questionner incidemment et sans affectation sur Gower et le nouveau domestique admis dans la maison.

Je me trouvais dans Regent-Street, lorsqu’une voiture traînée par des chevaux de poste vint à rouler rapidement sur le pavé, dispersant à droite et à gauche tous les équipages plus humbles, et se précipitant, comme s’il s’agissait d’une question de vie et de mort, vers le large passage qui conduit dans Portland-Place. Mais malgré cette excessive rapidité j’avais aperçu distinctement Fanny Trévanion dans la voiture, et l’expression de son visage m’avait parlé de douleur et d’anxiété. À côté d’elle, n’était ce pas la femme que j’avais vue avec Peacock ? Je ne vis pas sa figure, mais je crus reconnaître le manteau, le chapeau et le port de la tâte. Si je me trompais en cela, je ne me trompai certes pas sur le domestique qui occupait le siège de derrière. La figure de M. Peacock était tout entière exposée à mes regards, car il s’était retourné pour voir un garçon boucher qui avait failli être écrasé, et qui se vengeait en proférant toutes les imprécations que-lui suggéraient les Diræ de l’argot de Londres.

Ma première impulsion, lorsque je fus revenu de ma surprise, fut de m’élancer après la voiture, et je criai : « Arrêtez ! » Mais déjà elle était hors de vue, et ma voix se perdit dans l’air. Après être resté un moment indécis, rempli de sinistres pressentiments de je ne sais quel malheur, je me mis à courir, et ne m’arrêtai que lorsque je fus arrivé hors d’haleine dans Saint-James’s-Square, à la porte de l’hôtel de Trévanion, dans le vestibule. Le concierge tenait un journal à la main lorsqu’il m’ouvrit.

« Où est lady Ellinor ? il faut que je la voie à l’instant.

— Pas de plus mauvaises nouvelles de monsieur, j’espère ?

— De plus mauvaises nouvelles de quoi ?… de qui ?… de M. Trévanion ?

— Ne saviez-vous pas qu’il était tombé malade soudainement ? qu’un domestique était arrivé hier soir exprès pour nous annoncer cette triste nouvelle ? Lady Ellinor est partie à dix heures pour le rejoindre.

— Hier soir, à dix heures ?