Page:Bulwer-Lytton - Aventures de Pisistrate Caxton.djvu/433

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concours d’événements : la nouvelle liaison de Vivian avec un homme aussi équivoque que Peacock, placé comme un instrument capable et sans scrupule au service de Trévanion ; le soin qu’il avait pris de me cacher son changement de nom et son intimité dans la maison même où je lui avais franchement offert de le présenter ; le pied de familiarité sur lequel sa créature avait réussi à se mettre avec la soubrette de Mlle Trévanion ; l’entretien de ces deux domestiques (entretien expliqué d’une manière plausible, il est vrai, mais qui me laissait encore des soupçons) ; par-dessus tout le souvenir que j’avais gardé de l’audacieuse ambition et des mauvais principes de Vivian ; l’effet qu’avaient produit sur son imagination échauffée et son caractère entreprenant quelques mots dits par hasard sur la fortune de Fanny et la chance d’épouser une héritière. Toutes ces pensées s’imposèrent à moi plus fortes et plus vives au milieu des ténèbres de la nuit, et je désirai ardemment un confident plus expérimenté que moi dans les affaires de ce monde, et qui pût m’indiquer la route que je devais suivre. Fallait-il avertir lady Ellinor ? Mais de quoi ?… du caractère d’un domestique ou des projets du faux Gower ? Si je ne pouvais rien dire de bien positif contre le premier, j’en savais assez cependant pour le faire renvoyer, ne fût-ce que par prudence. Mais que pouvais-je dire de Gower ou Vivian, sans trahir, non pas sa confiance, car il ne me l’avait jamais donnée, mais ces protestations d’amitié que je lui avais prodiguées ? Peut-être, après tout, avait-il révélé ses secrets à Trévanion ; dans le cas contraire, je pouvais ruiner son avenir en dénonçant les pseudonymes qu’il prenait. Mais pourquoi dénoncer, pourquoi avertir ? parce que j’avais des soupçons que je ne pouvais analyser moi-même, des soupçons basés sur des circonstances qui m’avaient déjà été expliquées d’une manière assez satisfaisante. Néanmoins, quand le jour parut, je n’avais encore pris aucun parti. Et lorsque j’eus examiné la figure de Roland et vu son front chargé de soucis, je fus obligé de différer la confidence des choses que je voulais soumettre à sa raison et au sentiment de l’honneur si infaillible en lui. Je sortis, espérant que l’air frais éclaircirait mes idées et résoudrait le problème qui m’embarrassait. J’avais de quoi m’occuper pendant quelques heures ; car il me restait à commander divers petits objets nécessaires pour mon voyage et à