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et j’ai un meilleur exemple à citer : la canne que Louis XIV cassa sur le dos d’un valet, parce que les épaules du prince contre lequel Sa Majesté avait de l’humeur étaient trop sacrées pour l’indignation royale… Vous voyez donc, conclut lord Castleton en baissant la voix, que votre oncle, au milieu de tous ses motifs de chagrin, peut compter du moins que son nom ne sera pas compromis dans celui de son fils ; et le jeune homme lui-même se corrigera plus facilement, lorsqu’il se verra affranchi de cet anathème impitoyable que Mme Grognon lance contre ceux… qui… Courage donc ! la vie est longue.

— Ce sont mes propres paroles, m’écriai-je ; et répétées par vous, lord Casleton, elles me Semblent prophétiques.

— Suivez mon conseil, et ne perdez pas de vue votre cousin, tandis que son orgueil est encore humilié et que son cœur peut être attendri. Je ne dis pas cela seulement pour lui. Non, je pense à votre pauvre oncle, le noble vieillard ! Et maintenant, je crois qu’il est de mon devoir envers lady Ellinor de réparer, aussi bien que je pourrai, les dégâts que trois nuits sans sommeil ont faits sur l’extérieur d’un gentilhomme qui descend déjà de la colline dont l’impitoyable quarantaine occupe le faîte. »

Lord Castleton me laissa, et j’écrivis à mon père pour le prier de nous rejoindre au prochain relais, qui était sur toute la route le point le plus voisin de la tour. J’envoyai ma lettre par un messager à Cheval. Cela fait, j’appuyai ma tête sur ma main, et une profonde tristesse s’empara de moi, en dépit de tous mes efforts pour affronter l’avenir et ne songer qu’aux devoirs de la vie, abstraction faite de ses peines.


CHAPITRE IV.

Lady Ellinor arriva avant neuf heures ; elle alla droit à la chambre de Mlle Trévanion. Je me réfugiai dans celle de mon oncle. Roland était éveillé et calme, mais si faible qu’il n’essaya pas même de se lever. C’était ce calme qui m’alarmait le