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CHAPITRE VII.

Résultats. — Ambition pervertie. — Passion égoïste. — Intelligence faussée par la perversité du cœur.

Ainsi réussirent les projets de Vivian. Il avait désormais un revenu qui lui permettait de vivre en gentleman, une indépendance modeste, il est vrai ; mais enfin c’était l’indépendance. Nous avions tous quitté Londres. Une lettre à mon adresse, avec le timbre du bourg dans le voisinage duquel demeurait le colonel Vivian, suffit pour me persuader que mon protégé appartenait à cette famille et qu’il était de retour au foyer paternel. Ce fut alors qu’il se présenta à Trévanion, comme étant le jeune homme que j’avais fait travailler pour lui. Il savait que je n’avais jamais prononcé son nom devant Trévanion, parce que je ne m’étais pas cru autorisé à le faire sans la permission de Vivian, de peur de trahir son apparente confiance en moi ; et il prit celui de Gower, qu’il choisit au hasard dans un vieil almanach royal. Ce nom avait l’avantage, commun à la plupart des noms de la haute noblesse d’Angleterre, de n’être pas exclusivement la propriété des membres d’une seule famille, ce qui a lieu ordinairement pour les anciens noms des gentilshommes non titrés.

Lorsque, grâce à ses talents pleins de souplesse, il eut réussi à corriger tout à fait ou du moins à adoucir ce qui dans ses manières aurait pu déplaire à Trévanion ; lorsqu’il eut excité l’intérêt que ce généreux homme d’État éprouvait toujours pour le talent, il avoua en présence de lady Ellinor (car son expérience lui avait appris que, pour tout ce qui s’adresse à l’imagination, pour tout ce qui paraît en dehors du cours ordinaire de la vie, il était beaucoup plus facile de s’attirer la sympathie d’une femme), il lui avoua, dis-je, qu’il avait des motifs de cacher sa famille, qu’il croyait que je soupçonnais son vrai nom, et qu’il craignait que l’intérêt mal entendu que