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guerre avec les principes de Trévanion, et devait irriter sans cesse les fibres de sa constitution morale. Les combinaisons aristocratiques de son alliance avec les Castleton avaient peut-être fortifié sa position dans le cabinet ; mais les combinaisons aristocratiques sont de peu d’utilité contre l’épidémie atmosphérique de ce siècle.

Je compris tout ce qu’il avait dû souffrir, lorsque je lus dans, un journal : « On dit, en se fondant sur de bonnes autorités, que M. Trévanion a offert sa démission, mais qu’on a obtenu qu’il la retirât, parce que sa retraite en ce moment dissoudrait le cabinet. » Quelques mois après, un autre paragraphe disait que M. Trévanion était tombé malade et qu’on craignait que sa maladie ne fût de nature à l’empêcher de reprendre ses travaux ministériels. Puis le parlement se sépara. Avant qu’il se réunît de nouveau, M. Trévanion fut fait comte d’Ulverstone, titre qui avait été autrefois dans sa famille. En même temps il quitta le ministère, ne pouvant supporter les fatigues de sa charge. Pour un homme ordinaire, l’élévation au rang de comte, sans passer par les grades inférieurs de la pairie, eût été une belle fin de sa carrière politique ; mais je sentais qu’un profond désespoir de se voir inutile, et que ses démêlés avec des collègues qu’il ne pouvait ni soutenir ni combattre énergiquement à cause de ses antiques idées d’honneur et de convenances, l’avaient poussé à quitter la scène orageuse sur laquelle s’était écoulée son existence. Pour cette intelligence si active, la chambre des lords était comme ces cloîtres où se retiraient jadis les guerriers fatigués du tumulte des combats. La gazette qui annonçait qu’Albert Trévanion était fait comte d’Ulverstone annonçait par là même qu’il était mort au monde politique. En effet, sa carrière se termina le même jour. Trévanion mourut. Quant au comte d’Ulverstone, il ne donna pas signe de vie.

Jusqu’alors je n’avais écrit que deux fois à lady Ellinor pendant mon exil : une fois à propos du mariage de Fanny avec lord Castleton, six mois après mon départ d’Angleterre, et l’autre fois, lorsque je remerciai son mari de quelques animaux rares, chevaux, moutons et bœufs, qu’il nous avait envoyés en présent, à Bolding et à moi.

J’écrivis de nouveau lors de l’élévation de Trévanion à la pairie, et je reçus en son temps une réponse qui confirma tous