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II
De Madame Caxton.
Mon très-cher Sisty,

Vous revenez à la maison !… Mon cœur est si plein de cette pensée, qu’il me semble impossible de vous écrire autre chose. Cher enfant, vous revenez à la maison ; vous en avez fini avec l’école, vous en avez fini avec les étrangers, vous êtes à nous, vous êtes de nouveau notre fils ! Vous êtes à moi, comme vous étiez à moi dans votre berceau, dans votre chambre d’enfant et dans le jardin, Sisty, où nous nous jetions des marguerites !

Vous rirez de moi lorsque je vous dirai qu’aussitôt que j’appris que vous reveniez à la maison pour de bon, je me glissai hors de l’appartement et courus à mon tiroir, où vous savez que je garde tous mes trésors ! Il y a là votre petit bonnet que j’avais fait moi-même, et votre pauvre petite jaquette de nankin que vous étiez si fier de ne plus mettre… oh ! et beaucoup d’autres reliques du temps où vous étiez le petit Sisty, et où je n’étais pas cette froide et cérémonieuse mère, connue vous m’appelez maintenant, mais bien votre chère maman. Je les embrassai, Sisty, en me disant que mon petit enfant me revenait ! j’étais si folle, que j’oubliais toutes les longues années qui se sont écoulées, et m’imaginais que je pourrais encore vous porter dans mes bras et vous apprendre doucement à dire : « Dieu vous bénisse, papa ! » Ah ! j’écris maintenant entre le rire et les larmes. Vous ne pouvez être ce que vous étiez ; mais vous êtes toujours mon cher fils, le fils de votre père, ce que j’ai de plus cher au monde, après ce père.

Je suis si heureuse que vous reveniez bientôt ! Venez tandis que votre père est chaudement occupé de son livre, tandis que vous pouvez l’encourager en son travail et l’y maintenir. Car, pourquoi ne serait-il pas grand et célèbre ? Pourquoi tout le monde ne l’admirerait-il pas autant que nous ? Vous savez combien j’ai toujours été fière de lui ; mais je désire que tout le monde sache pourquoi j’en étais si fière. Et pourtant, après tout, ce n’est pas uniquement parce qu’il est si sage et si savant… mais aussi parce qu’il est si bon, parce qu’il a un grand et noble cœur. Il faut que le cœur se montre dans le livre