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aussi bien que la science : car, quoiqu’il soit plein de choses que je ne comprends pas, à chaque instant j’y rencontre quelque chose que je comprends… et il me semble alors que ce cœur parle à tout l’univers.

Votre oncle a entrepris de faire publier le livre, et votre père ira avec lui à Londres pour cela, dès que le premier volume sera achevé.

Tout le monde se porte bien, excepté la pauvre Mme Jones, qui a une forte fièvre. Primmins lui fait porter un charme contre ce mal, et Mme Jones affirme qu’elle se trouve déjà beaucoup mieux. On ne peut nier qu’il n’y ait beaucoup de vrai dans ces sortes de choses, quoiqu’elles paraissent tout à fait contraires à la raison. En effet, votre père dit : « Pourquoi pas ? un charme doit être accompagné d’un ardent désir de réussite de la part de celui qui le fait ; et qu’est-ce que le magnétisme, sinon un désir ? » Je ne comprends pas bien cela ; mais, comme dans tout ce que dit votre père, il y a un autre sens que celui qui saute aux yeux, j’en suis bien sûre.

Plus que trois semaines jusqu’aux vacances, et puis plus d’école, Sisty… plus d’école ! Je vais faire remettre à neuf votre chambre, et elle sera si jolie ! On vient pour cela demain.

Le canard se porte tout à fait bien, et je crois réellement qu’il ne boite plus tant.

Dieu vous garde, cher, cher enfant !

Votre affectionnée et heureuse mère,
K. C.

L’intervalle qui s’écoula entre ces lettres et la matinée où je devais retourner à la maison me parut comme un de ces longs jours pleins d’inquiétudes et de rêves, que j’avais passés, enfant, dans mon lit de malade. Je fis machinalement mes devoirs ; je composai une ode grecque pour mes adieux à l’Institut philhellénique. Le docteur Herman déclara que j’avais fait un chef-d’œuvre ; mais mon père, à qui je l’envoyai triomphant, me la retourna avec une lettre en mauvais anglais, qui parodiait tous mes barbarismes grecs en les imitant dans ma langue maternelle. J’avalai néanmoins ce poireau, et me consolai en pensant qu’après avoir passé six ans à apprendre à mal écrire le grec, je n’aurais plus aucune occasion de me servir d’un si précieux talent.

C’est ainsi qu’arriva le dernier jour. Alors je visitai seul,