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La médaille fit le tour, de main en main, sans qu’un mot fût prononcé.

« Il est étrange, dit enfin mon père, que de pareilles bagatelles puissent acquérir une si grande valeur, que l’homme expose aujourd’hui sa vie pour une chose pour laquelle, plus tard, il ne donnerait pas même un bouton. Un Grec estimait au-dessus de tout quelques feuilles d’olivier tressées en couronne et placées sur sa tête, coiffure que nous trouverions très-ridicule à présent. Un Indien d’Amérique préfère une décoration de chevelures humaines, que nous regarderions tous, je crois, sauf monsieur Squills, qui est accoutumé à de pareilles choses, comme un ornement fort dégoûtant ; et mon frère fait plus de cas de ce morceau d’argent, qui peut valoir cinq schellings, que Jack d’une mine d’or, ou moi de la bibliothèque du Muséum de Londres. Un temps viendra où l’on trouvera cette décoration aussi vaine que les feuilles et les chevelures.

— Frère, dit le capitaine, il n’y a là rien d’étrange. C’est la chose du monde la plus simple pour un homme qui comprend les principes de l’honneur.

— C’est possible, reprit mon père avec douceur. J’aimerais à entendre ce que vous avez à dire sur l’honneur. Je suis sûr que ce serait très-édifiant pour nous tous. »


CHAPITRE II.

Discours de mon oncle Roland sur l’honneur.

« Messieurs, commença le capitaine en entendant l’appel direct qui lui était adressé, messieurs, Dieu fit la terre, mais l’homme fit le jardin. Dieu fit l’homme, mais l’homme se refait lui-même.

— C’est vrai ; par la science, dit mon père.

— Par l’industrie, dit l’oncle Jack.

— Par la condition physique de son corps, dit M. Squills. Il lui eût été impossible de se faire autre qu’il n’était d’abord