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une opinion que je ne vis jamais soutenir ou approuver par nul autre homme fier de sa naissance, une opinion déduite du raisonnement suivant :

1o  Que la naissance n’a pas de valeur par elle-même, mais par la transmission de certaines qualités qui doivent se perpétuer dans la descendance d’une race de guerriers, savoir : la sincérité, le courage, l’honneur ;

2o  Que, tandis que du côté féminin dérivent nos facultés les plus intellectuelles, nos facultés morales dérivent du côté masculin : un homme capable et spirituel a généralement une mère capable et spirituelle ; un homme brave et honorable a un père brave et honorable. C’est pourquoi les qualités qui doivent se perpétuer dans une famille sont les qualités viriles, qui ne dérivent que du côté paternel. Il prétendait encore que, tandis que l’aristocratie a des notions plus hautes et plus chevaleresques, le peuple a généralement des idées plus spirituelles et plus vives. Par conséquent, pour empêcher la noblesse de ne plus produire que des buses, un croisement avec le peuple, pourvu qu’il se fasse toujours du côté féminin, est non-seulement excusable, mais encore profitable. Finalement, mon oncle soutenait que, tandis que l’homme est un animal grossier, violent et sensuel, qui a besoin de toutes sortes d’associations pour se dignifier et se civiliser, la femme est naturellement susceptible de tous les beaux sentiments, de tous les desseins généreux, et qu’elle n’a qu’à rester dans la vérité de son caractère de femme pour devenir la digne compagne d’un roi. Idées bizarres, déraisonnables peut-être et sujettes à controverse en ce qui concerne l’opinion sur les races, si même cette opinion est soutenable ; mais mon oncle Roland était un homme aussi excentrique, aussi plein de contradictions que… que… ma foi ! que vous et moi, lecteur, quand nous nous aventurons à penser par nous-mêmes.

« Eh bien, jeune homme, à quelle profession vous destinez-vous ? me demanda mon oncle. Vous ne choisissez pas l’armée, je le crains.

— Je n’y ai jamais songé, mon oncle.

— Dieu merci ! nous n’avons pas encore eu de légiste dans la famille, ni d’agent de change, ni de marchand… hem ! »

Je vis que mon illustre ancêtre l’imprimeur s’était soudain élevé dans ce hem !