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poches ainsi que son horrible masque. Le père s’approcha sans bruit, regarda par-dessus l’épaule de son fils et aperçut dans le tiroir le portefeuille où était brodé le nom de son ami. Cependant le fils avait sorti ses pistolets, qu’il désarma prudemment ; il se disposait à les serrer avec le reste quand son père l’arrêta par le bras : « Voleur, tu feras bientôt usage de ces armes ! »

« Les genoux du fils s’entre-choquèrent, un cri de grâce s’échappa de ses lèvres ; mais lorsque, revenu de sa poltronnerie, il vit qu’il n’était pas sous la griffe de quelque mercenaire de la loi, et que c’était la main de son père qui avait saisi son bras, cette basse audace qui ne connaît que la crainte née d’une cause matérielle, et non celle qu’inspire la honte, cette basse audace lui revint aussitôt.

« Silence, monsieur, dit-il ; ne perdez pas le temps en reproches, car je crois que les gendarmes sont sur mes traces. Il est bon que vous soyez ici, vous pourrez jurer que j’ai passé la nuit à la maison. Lâchez-moi, vieillard, j’ai encore ces témoins à cacher. »

« Et il montrait ses vêtements humides et souillés de boue. Il avait à peine cessé de parler que les murailles frémirent ; on entendit, sur le pavé de la route, le bruit des pas de plusieurs chevaux.

« Ils arrivent ! Allons, vieux radoteur, sauvez votre fils du bagne.

— Le bagne ! le bagne ! s’écria le père chancelant. C’est vrai, le bagne ! »

« On frappait violemment à la porte. Les gendarmes entouraient la maison. « Ouvrez, au nom de la loi ! » On ne fit pas de réponse, on n’ouvrit pas. Quelques gendarmes, qui avaient fait le tour de la maison, arrivèrent dans la cour de derrière. De la fenêtre de la chambre de son fils, le père vit soudain la lueur des torches et les ombres fantastiques des chasseurs d’hommes. Il entendit le cliquetis de leurs armes lorsqu’ils descendirent de leurs chevaux. Il entendit une voix qui criait : « Oui, voici le cheval gris du voleur ; voyez, il est encore tout fumant de sueur ! »

« Devant et derrière, aux deux portes, recommencèrent les coups et les cris : « Ouvrez, au nom de la loi ! » Puis les fenêtres des maisons voisines commencèrent à s’illuminer, puis l’espace