Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/33

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gard autour de nous dans la chambre mortuaire, sans paraître apercevoir le vieux Lester dont le cœur est brisé, ni la double agonie de son autre fille, cette agonie qui tout en souffrant cherche à adoucir et à consoler une autre souffrance. — Passons de même à côté des émotions multiples qui agitent Walter, dans son impatience fébrile qui le porte à vouloir percer avant l’heure le terrible mystère, qui se révèle dans les pages qui se succèdent sous la plume du prisonnier, dans le cachot solitaire. Nous voilà arrivés enfin à la soirée où Aram vit Walter Lester pour la dernière fois.

— Vous êtes venu à l’heure exacte, dit Aram d’une voix basse mais distincte, je n’ai pas oublié ma parole ; l’accomplissement de cette promesse a été une victoire remportée sur moi dans des circonstances dont je suis seul en état de connaître la gravité. J’ai acquitté ma dette, — j’ai fait plus que je ne m’étais d’abord proposé de faire. J’ai développé mon récit d’une manière complète, en l’étendant à toute la durée de ma vie. Je me devais à moi-même cette prolixité. Rappelez-vous votre promesse ; ce sceau ne doit pas se rompre avant que le pouls ait cessé de battre dans la main qui vous tend ces papiers.

Walter renouvela son serment, et Aram, après avoir gardé un instant le silence, reprit d’une voix altérée et adoucie :

— Soyez bon pour Lester, consolez-le, soutenez-le, faites en sorte que jamais un mot, un signe ne vous échappe qui puisse modifier l’o-