Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/50

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partagé d’autres risques et d’autres projets, il veut que je l’aide dans sa fuite. Maintenant comprenez-vous où je veux en venir ? Soulageons-le de son fardeau. Je vous en offre la moitié, si vous consentez à prendre votre part de la besogne.

Je me levai, je marchai, je pressai mes mains sur mon cœur, j’essayai d’imposer silence à la voix qui murmurait au dedans de moi. Houseman devinait, il voyait cette lutte ; il me suivit, il me détailla la valeur du butin qu’il me proposait de conquérir ; ce qu’il appelait ma part mettait entre mes mains la satisfaction de tous mes désirs ; désormais je pourrais rassasier la seule passion de mon âme, la passion de savoir ; c’était la bienheureuse indépendance dans la solitude : tout cela était à ma portée ; il ne fallait point pour cela commettre une faute qui dût être réitérée, nul besoin d’accomplir un nouveau crime ; un seul acte, et c’était tout. Je respirais péniblement, mais je ne laissai pas éclater l’émotion qui remplissait mon âme, je fermai les yeux, mais je frémis en apercevant toujours cette vision.

— Donnez-moi votre main, dit Houseman.

— Non, non, dis-je en le repoussant, il faut que je songe, que je réfléchisse ; je ne refuse pas, mais je ne saurais accepter à l’instant.

Houseman insista, mais je persévérai dans ma détermination ; il eût voulu me menacer, mais mon caractère le dominait et le maîtrisait. Il fut convenu qu’il viendrait me retrouver cette nuit, que je lui dirais ce que j’avais décidé…