Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/49

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vous serez toujours pauvre. Allons, voyons, plantez-moi là votre sagesse, et faites comme moi.

— Comment ?

— Prenez sur le superflu d’autrui ce que votre nécessaire exige. Mon cheval, mon pistolet, la main leste, le cœur solide, voilà qui vaut pour moi le coffre-fort d’autrui. On s’expose ainsi à être découvert, à être condamné à mort, j’en conviens parfaitement. Mais cette chance peut-elle être mise en balance contre des certitudes que vous connaissez bien ?

Je détournai la tête d’un autre côté. Dans le silence de ma chambre, dans la solitude de mon cœur, j’entretenais les mêmes pensées que ce bandit. Une lutte se livrait en moi.

— Voulez-vous avoir votre part du danger et du butin ? me dit à voix basse Houseman.

Je fixai mes yeux sur lui.

— Parlez clairement, lui dis-je, expliquez-vous sur ce que vous comptez faire.

Les yeux de Houseman brillèrent.

— Écoutez-moi, dit-il : Clarke, avec sa fortune actuelle, qui lui appartient légalement, compte se procurer par emprunt une somme plus grande encore ; il a converti son héritage en bijoux, il a emprunté d’autres bijoux par le moyen d’allégations mensongères ; il se propose de garder ceux-là, et de quitter la ville au milieu de la nuit ; il m’a confié son projet et m’a demandé mon aide. Lui et moi, sachez-le bien, nous sommes de vieux amis ; nous avons