Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/52

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La nuit suivante était celle où le coup devait être exécuté… Nous nous séparâmes, et quand je rentrai chez moi j’étais un tout autre homme. Le destin avait tendu son filet autour de moi ; un nouvel incident survint qui en resserra les mailles. Il y avait une pauvre fille que j’avais souvent rencontrée dans mes promenades. Elle soutenait sa famille par son habileté à faire de la dentelle ; c’était une créature paisible, dont la physionomie exprimait la patience et l’honnêteté. Quelques jours auparavant, sous prétexte de lui acheter de la dentelle, Clarke l’avait attirée chez lui, au moment où il y était seul, et avait abusé d’elle avec la violence la plus brutale. L’extrême pauvreté des parents lui avait permis d’obtenir aisément leur silence, néanmoins quelque chose avait transpiré au dehors ; la pauvre fille était désormais marquée de ce stigmate d’infamie que rien ne peut effacer, et que les classes inférieures de la société font sentir avec une grossièreté impitoyable et cruelle. La jeune fille, dans l’égarement de la honte et du désespoir, avait mis fin à ses jours. Ce tragique événement fit connaître l’histoire que la famille avait jusqu’alors cachée ; tout cela parvint à mes oreilles, au moment même où mon esprit oscillait de côté et d’autre. Vous ne vous étonnerez pas d’apprendre que dès lors je pris mon parti, et me décidai pour l’action. Qu’était cet homme ? Un misérable vieilli dans le vice ; il allait au devant de son heure, il se dirigeait d’un pas chancelant vers une tombe infâme, souillant tout ce