Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/6

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silence par une réponse à cette interrogation muette, nous sommes prêtes. La voiture est-elle ici ?

— Elle attend devant la porte, mon enfant.

— Viens alors, Éléonore, viens, dit Madeleine en s’appuyant sur le bras de sa sœur, et se dirigeant vers le seuil. Parvenue là, elle s’arrêta, et jeta un regard autour de la chambre.

— Vous avez oublié quelque chose ? demanda Éléonore.

— Non, je ne voulais que faire mes adieux à cette maison, dit Madeleine d’une voix douce et touchante, et maintenant, avant de la quitter, mon père, ma sœur, j’ai encore un mot à vous dire : Vous avez toujours été bons, très bons pour moi dans cette épreuve difficile, et je ne saurais laisser passer ce jour sans vous remercier. Éléonore, mon amie de cœur, ma sœur chérie, vous qui avez partagé mes jeux lorsque j’étais gaie, vous qui m’avez rendu le courage, quand j’étais dans le chagrin, vous qui m’avez soignée quand j’étais malade, et cela depuis l’époque où nous n’étions l’une et l’autre que des enfants, nous avons causé ensemble, ri et pleuré ensemble, nous avons connu les pensées l’une de l’autre, et nous savons qu’il n’est aucune de ces pensées dont nous ayons à rougir devant Dieu… Nous allons nous séparer… Ne me retenez pas : il faut qu’il en soit ainsi, je le sais. Mais quand un certain temps se sera écoulé, puissiez-vous retrouver le bonheur, puissiez-vous retrouver l’entrain et la plénitude de la vie ! Serez-vous heureuse ? Je le souhaite