Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/5

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porter à cette occasion. Comme elles étaient fraîches, ces pauvres fleurs, quand il les cueillit ! j’en ai séché la rosée par mes baisers, et voyez dans quel état elles sont maintenant ! Mais, allons ! ce sont là des enfantillages, il ne faut pas que nous soyons en retard ; aidez-moi, Éléonore, hâtez-vous, faites diligence. Voyons, vous dis-je, je vous ai déjà dit que je veux être parée aujourd’hui comme pour un jour de fête.

Et lorsque Madeleine fut habillée, quoique ses vêtements fussent devenus trop larges pour sa personne amaigrie et épuisée par la douleur, elle se tenait droite, regardant Éléonore avec un sourire plus attristant que des larmes, et jetant ensuite un coup d’œil au miroir. Jamais sa beauté n’avait eu un caractère plus imposant, plus élevé ; elle avait sans doute l’air d’une fiancée, mais d’une fiancée que n’attend pas un mariage terrestre. À ce moment, elles entendirent frapper à la porte, mais comme d’une main tremblante et irrésolue ; c’était leur père, le vieux Lester, qui s’annonçait ainsi, et qui venait leur demander si elles étaient prêtes.

— Entrez, père, dit Madeleine d’une voix reposée et même gaie.

Le vieillard obéit.

Il jeta un regard silencieux sur la toilette blanche de Madeleine, puis sur son propre vêtement, qui était un vêtement de deuil ; ce regard en disait bien long, mais pas un mot n’en vint atténuer l’expression de la part des trois personnes qui étaient présentes.

— Oui, père, dit Madeleine, rompant enfin le