Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/74

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aimer, et qui même en ce séjour connaîtrait à peine le bonheur si elle ne pouvait répandre sur moi la lumière de son divin pardon. J’en ai dit assez. Lorsque vous romprez ce sceau, mon sort depuis longtemps n’appartiendra plus à l’humanité, ni à la terre. Les désirs dévorants que j’ai connus, les splendides visions que j’ai contemplées, les aspirations sublimes qui souvent m’ont élevé au-dessus des choses sensibles et matérielles, tout cela parle en moi et me dit que je suis l’essence de quelque chose d’immortel, la créature de Dieu. Comme les sages d’autrefois ramenaient leur manteau sur leur face et rassemblaient leur énergie pour mourir, je m’enveloppe dans la paisible résignation d’une âme ferme jusqu’à la dernière minute, n’attendant pas même que la vengeance humaine me fasse quitter ce monde à sa manière. J’ai dirigé de ma propre main le marche de ma vie ; ma main aussi déterminera l’heure et le genre de ma mort.

Eugène Aram.
Août 1759.

Le lendemain du soir où Aram avait remis à Walter Lester la confession que nous venons de reproduire, était le jour fixé pour l’exécution. Lorsqu’on entra dans le cachot du prisonnier, on le trouva étendu sur son lit ; on s’approcha pour lui enlever ses fers ; et on remarqua qu’il était complètement inerte et ne répondait pas à l’appel de son nom. On essaya de le relever ; il murmura quelques mots d’une voix