Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/82

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

aussitôt elle se mit à en faire l’éloge, tout en se lamentant de la montrer dans un tel état de dégradation. Notre voyageur l’écouta d’une oreille distraite, mais quand il fut entré dans une certaine chambre, qu’il ne voulait visiter que la dernière, — c’était le petit salon où la famille se réunissait d’ordinaire, — il se laissa tomber dans le fauteuil qu’occupait toujours le vénérable Lester, et, cachant sa figure dans ses mains, il resta quelque temps immobile, sans rien regarder. La vieille femme le contemplait avec surprise.

— Peut-être que monsieur connaissait la famille ? dit-elle, on avait pour eux beaucoup d’affection.

Le voyageur ne répondit pas, mais en se levant, il dit à voix basse, comme s’il s’adressait la parole à lui-même :

— Non, il ne faut point tenter l’expérience : je sens qu’il me serait impossible de vivre ici, il faut que cela soit, il faut que la maison de mon père passe entre des mains étrangères.

En faisant tout haut cette remarque, il se hâta de sortir de la maison, retourna au jardin, ouvrit une petite porte délabrée qui se balançait sur ses gonds rouillés, et qui conduisait dans les verts et tranquilles refuges des morts. Ce même caractère si touchant, cet air de profond repos que l’on remarque dans la plupart des cimetières rustiques, et qui était plus frappant en celui-là qu’en tout autre, inspira à l’esprit du jeune homme des pensées auxquelles ne se mêlait plus aucun regret.