Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/81

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des larmes involontaires ; larmes que je ne céderais pas contre la rançon d’un roi ; larmes que nul autre son, nulle autre scène ne saurait faire jaillir de leur source ; larmes où s’épanchent une affection, un tendre regret que moi seul je connais, et qui font de moi pendant plusieurs jours de suite un être meilleur.

Le voyageur, après s’être arrêté quelques instants, se remit en marche et arriva bientôt en face du vieux manoir. Le jardin avait fini par disparaître sous les herbes sauvages ; la haie verdie de mousse était brisée en maints endroits ; la maison elle-même était close ; le soleil glissait le long des volets, sans trouver d’ouverture pour pénétrer dans cet intérieur désolé. À une certaine hauteur au-dessus de la porte jadis si hospitalière, était fixée une planche sur laquelle une inscription annonçait que la maison était à vendre, et informait les visiteurs ou les spéculateurs que pour cela il fallait s’adresser à tel avoué d’une ville voisine. Le cavalier poussa un profond soupir et se dit quelques mots à demi-voix, puis se détournant pour suivre la route qui conduisait à la porte de derrière, il arriva dans la cour, conduisit son cheval dans une écurie vide, traversa les dépendances à demi-effondrées, s’arrêtant à chaque instant, et se disant quelques phrases mélancoliques sur ces continuels changements qui défigurent toutes choses. Une vieille femme, qui lui était inconnue, était la seule habitante de la maison ; elle s’imagina qu’il se présentait pour l’acheter ou tout au moins pour la visiter :