Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/84

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Il franchit les tertres incultes qui recouvraient les restes des morts pauvres, et s’arrêta, auprès d’une tombe plus haute, mais sans aucun orgueil prétentieux ; elle n’était pas encore flétrie par les rosées et les saisons ; la courte inscription qu’elle portait était restée parfaitement lisible, surtout en la comparant à celles des tombes d’alentour. Elle contenait ces mots :

Rowland Lester
décédé en 1769, à l’âge de 64 ans.
Heureux ceux qui pleurent, parce qu’ils
seront consolés !

Le voyageur passa quelque temps dans une contemplation tranquille à côté de cette tombe, et quand il se retourna, la teinte hâlée de ses joues avait disparu, ses regards étaient troubles ; on ne retrouvait plus chez lui le pas élastique du jeune homme dans tout l’éclat de sa force, on ne retrouvait plus cette hardiesse d’attitude que donne l’état militaire.

Comme il relevait les yeux, il aperçut à quelque distance, à travers la verdure tendre du printemps, une maison grise et solitaire. La cheminée n’exhalait plus de fumée ; l’aspect de cet édifice était morne, farouche, désolé, comme dans celle qu’il venait de quitter ; on eût dit que la même malédiction qui avait frappé une des demeures était restée attachée à la seconde. Le voyageur donna un regard