Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

hâtif à cette maison solitaire et éloignée, puis il se mit en route en hâtant le pas.

Lorsqu’il rentra dans l’écurie, le voyageur y trouva le caporal qui examinait le cheval des pieds à la tête avec une attention minutieuse.

— De bons sabots, disait l’homme en laissant retomber un des pieds de devant ; alors il se retourna et, non sans quelque confusion, il se trouva en face du possesseur de ce coursier auquel il venait de faire subir un examen consciencieux.

— Oh ! dit-il, je regardais la bête, oui, monsieur, pour m’assurer qu’elle n’avait point perdu quelque fer. Et puis je me disais que monsieur aurait peut-être besoin de quelqu’un d’intelligent pour lui faire voir la maison et les dépendances, si vous êtes venu pour l’acheter ; il n’y a ici qu’une vieille femme. Je me permets de croire que monsieur n’aime guère les vieilles femmes.

— Le propriétaire n’est point dans le pays ? dit le cavalier.

— Non, monsieur, il a passé la mer. C’était un beau jeune homme, ma foi, et… et… que Dieu me bénisse. Non, ça ne peut pas être… oui, oui, tournez-vous à présent… Mais c’est mon jeune maître !

En disant ces mots, le vieux caporal, dans un élan affectueux, s’avança vers le voyageur, lui prit la main et la baisa.

— Ah ! monsieur, nous serons bien aises, je vous le jure, de vous revoir après tout ce qui s’est passé. Mais maintenant tout est oublié, il