n’en reste plus de trace. Pauvre mademoiselle Éléonore ! comme elle sera contente de revoir monsieur. Ah ! elle a bien changé assurément.
— Changé ! oui, je n’en doute pas. Mais est-ce qu’elle a l’air de se mal porter ?
— Non, monsieur ; quant à ça, vous verrez qu’elle a encore de quoi vous séduire, dit le caporal, en se passant la langue sur les lèvres ; je l’ai vue la semaine dernière, quand je suis allé à ***, car vous savez, je suppose, que c’est là qu’elle demeure toute seule dans une petite maison avec une barrière couverte de plantes grimpantes, et un marteau de bronze à la porte ; c’est au bout de la ville, avec une belle vue sur les collines de ***, tout en face. Oui, monsieur, je l’ai vue et je l’ai trouvée diantrement belle, quoiqu’elle eût un peu maigri. Mais au bout du compte, elle a bien changé.
— Comment ? en mal ?
— En mal, oui, monsieur, pour sûr, répondit le caporal en prenant un air mélancolique et plein de sous-entendus. Elle donne dans la religion. Voyez-vous ça ? Des bêtises, quoi…
— Ce n’est que cela ? répondit Walter soulagé, avec un léger sourire. Et elle vit toute seule ?
— Tout à fait seule, la pauvre jeune dame, comme si elle avait pris son parti de mourir vieille fille, et pourtant je sais bien qu’elle a refusé le squire Knyvett de la Grange ; peut-être qu’elle attend votre retour, dame !
— Faites sortir le cheval, Bunting. Mais non, attendez, je suis fâché de vous retrouver avec