Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/91

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Sur sa joue fraîche s’étendait une teinte plus pâle ;
On eût dit que la rose blanche avait vaincu la rose rouge.
Désormais elle ne s’élançait plus d’une course triomphante ;
Léger, son pas l’était toujours, mais non sans quelque langueur.
Désormais son esprit ne franchissait plus les obstacles ;
Elle restait immobile, comme Hébé, répandant autour d’elle ses sourires.

— Éléonore, dit Walter d’un ton mélancolique, nous nous retrouvons enfin !

— Cette voix, cette figure !… mon cousin… mon cher, mon bien cher Walter.

Toute réserve, toute conscience avait disparu dans le plaisir de ce moment. Éléonore appuya sa tête contre l’épaule de Walter, et sentit à peine le baiser que celui-ci déposa sur les lèvres de sa cousine.

— Vous avez été absent bien longtemps, dit Éléonore d’un ton de reproche.

— Mais ne m’aviez-vous pas dit vous-même que le coup qui avait frappé votre maison avait chassé de votre âme toute pensée d’amour, nous avait séparés pour toujours ? Mais qu’était pour moi l’Angleterre, et la maison, sans vous, Éléonore ?

— Ah ! dit Éléonore en reprenant possession d’elle-même, pendant qu’une pâleur visible succédait à la rougeur de plaisir qui avait envahi ses joues, ne faites pas revivre le passé. Pendant de longues années que j’ai vécu dans la solitude et la désolation, je me suis efforcée d’échapper à ces sombres souvenirs.

— Vous parlez sagement, ma chère Éléonore, mais aidons-nous mutuellement à atteindre ce