Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/92

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but. Nous sommes seuls au monde, unissons nos destinées. Jamais dans tout ce que j’ai vu et éprouvé, — soit dans la veillée au camp pendant les nuits étoilées, soit dans la splendeur des cours, ou dans les bocages ensoleillés de l’Italie, ou dans les noires forêts du Hartz, jamais je n’ai cessé de songer à vous, ma chère cousine. Voire image s’est entrelacée d’une manière indissoluble à tout mon idéal de bonheur et de foyer, d’avenir tranquille et paisible. Et maintenant que me voilà de retour, et que je vous vois, combien vous avez changé, mais pour devenir plus charmante ! Ah ! ne nous séparons plus. Un consolateur, un guide, un soutien, un père, un frère, un époux… mon cœur me dit tout bas que je pourrais être tout cela pour vous.

Éléonore détourna la tête ; mais son cœur débordait. Les années de solitude qu’elle avait vécues depuis leur dernière entrevue reparurent devant elle. La seule image vivante qui se fût mêlée pendant ces années au souvenir de ceux qui étaient morts, c’était celle de l’homme qui était à genoux devant elle, son seul ami, son seul parent, son premier et unique amour. Dans l’Univers entier il était le seul avec lequel elle pût parler du passé, en qui elle pût trouver le repos de ses affections brisées mais toujours vivantes. Et Walter reconnut à cette rougeur, à ces larmes, qu’il était resté l’objet du souvenir, l’objet de l’amour, et qu’enfin sa cousine était à lui.

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