Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/94

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ting auquel sa femme, plus jeune que lui de beaucoup d’années, joua maints tours pendables avec le jeune curé de la paroisse, le dit Jacob Bunting n’ayant pas l’ombre d’un soupçon au sujet de ce qui se passait ; du reste il faisait beaucoup rire ses voisins et ses connaissances en se vantant de savoir vendre la volaille au révérend et de la lui faire payer beaucoup plus cher qu’au marché. — Ma petite Bessy, disait-il à sa femme, tu as un mari qui sait son affaire.

— Bon, voilà Walter marié à sa cousine, mais vous n’avez pas tout dit. Est-ce qu’ils retournèrent habiter le vieux manoir ?

— Non, les souvenirs qui ne sont associés qu’à des objets simplement affligeants perdent peu à peu de leur amertume, et sanctifient les lieux qu’ils hantent, mais il n’en est pas ainsi des souvenirs enchaînés à des événements qui inspirent l’horreur, l’effroi, parfois même une sorte de honte. Walter vendit la propriété, non sans éprouver des regrets fort naturels ; après son mariage, il voyagea quelque temps au loin avec Éléonore, mais il finit par s’établir en Angleterre, où il adopta un genre de vie actif ; il laissa à sa postérité un nom qu’elle porte encore avec honneur, et à son pays le souvenir de quelques services qui ne seront pas oubliés.

« Mais il garda toujours l’impression sombre et terrible que les événements avaient faite sur son âme, et cette impression exerça la plus puissante influence sur ses actes, dont elle