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tham. Peu à peu elle prit le nom de Higges-en-Botham, et dans la suite des temps, Higginbotham par corruption. »

« Eh ! quoi, Frank, mon histoire du comté ! s’écrie le squire. Mistress Hazeldean, il a pris mon histoire du comté !

— Eh ! bien Hazeldean, il est temps qu’il sache quelque chose du comté !

— Et de l’histoire aussi, dit malicieusement mistress Dale, car ses nerfs ne sont pas encore calmés.

Frank. J’en aurai grand soin, je vous le promets, mon père, cette histoire m’intéresse beaucoup en ce moment.

Le capitaine (posant les cartes sur la table pour faire couper). Vous avez lu le passage sur le château de Botham, page sept cent six, n’est-ce pas ?

Frank. Non, je voulais savoir à quelle distance nous sommes du château de Rood, habitation de M. Leslie. Le savez-vous, ma mère ?

Mistress Hazeldean. Je ne puis vous le dire. Les Leslie ne fréquentent pas les personnes du comté ; et Rood est fort loin de la route.

Frank. Pourquoi ne fréquentent-ils pas les personnes du comté ?

Mistress Hazeldean. Ils sont très-pauvres, et je suppose qu’ils sont fiers, c’est une ancienne famille.

Le curé (frappant sur la table avec une grande impatience). Quelle niaiserie !… aller parler d’anciennes familles quand les cartes sont battues depuis plus d’un quart d’heure.

Le capitaine Barnabé. Voulez-vous couper pour votre partenaire, madame ?

Le squire (qui a écouté les questions de Frank d’un air soucieux). Pourquoi cherches-tu à connaître la distance d’ici au château de Rood ?

Frank (avec hésitation). Parce que Randal Leslie y passe ses vacances, mon père.

Le curé. Votre femme a coupé pour vous, monsieur Hazeldean. Bien que ce ne soit tout à fait dans les règles, et mon partenaire a joué un deux… un deux de cœur. Venez donc s’il vous plaît, du moins si vous avez l’intention de jouer. »

Le squire revient à la table et en quelques minutes la partie est décidée, grâce à l’adresse déployée par le capitaine contre les Hazeldean. La pendule sonne dix heures ; les domestiques entrent avec un plateau, le squire additionne ses pertes et celles de sa femme et le capitaine et le curé se partagent seize shillings.

Le squire. Voyons, curé, j’espère que vous allez être de meilleure humeur. Vous gagnez assez pour vous payer une voiture à quatre chevaux.

— Bah ! répondit le curé, au bout de l’année je n’en ai pas un sou de plus. »

Et de fait, quelque étrange que paraisse cette assertion, elle était parfaitement vraie, car le curé partageait en trois ses bénéfices. Il donnait un tiers à mistress Dale pour sa bourse particulière ; ce qu’il faisait du second tiers il ne l’avoua jamais, même à sa moitié ; mais,