Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 1.djvu/88

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— Ah ! monsieur, ce qui est survenu ?… répondit M. Stirn, étendant son index droit sur la paume de sa main gauche, et il raconta le cas.

— Et qui soupçonnez-vous ? soyez calme… parlez sans colère… vous êtes témoin, monsieur, un témoin doit être sans passion, sans prévention… mille tonnerres !… c’est la plus insolente, la plus… la plus Inexcusable, la plus diabolique… mais qui soupçonnez-vous, vous dis-je ? »

Stirn tourna son chapeau entre ses doigts, fronça le sourcil, fit passer son pouce par-dessus son épaule et dit tout bas : « J’ai ouï dire que les deux papistes ont couché chez Votre Honneur la nuit dernière.

— Eh ! quoi, butor, supposes-tu que le docteur Rickeybockey ait quitté son lit pour aller boucher les trous de mes ceps ?

— Nenni ; il est trop rusé pour l’avoir fait lui-même ; mais il peut bien avoir… il est très-lié avec le curé Dale et Votre Honneur sait que le curé voit les ceps d’un mauvais œil. Attendez un moment, monsieur ; ne reculez pas comme ça. Il y a un garçon dans cette paroisse…

— Un garçon… ah ! imbécile, tu approches de la vérité, maintenant. Le curé écrire : « Au diable soient les ceps, » ah ! vraiment… Voyons, de quel garçon parles-tu ?

— D’un garçon très-choyé par M. Dale ; le papiste est venu chez sa mère causer une grande heure l’autre jour ; et ce garçon est aussi profond qu’un puits. Eh bien, je l’ai vu tourner autour de l’endroit et se cacher dessous l’arbre, le jour que les ceps ont été élevés ; et ce garçon-là, c’est… Lenny Fairfield.

— Hu, hu… siffla le squire, Stirn, vous n’avez pas le sens commun aujourd’hui, mon garçon ; Lenny Fairfield… le modèle du village ! allons, taisez-vous. Je jurerais après tout que l’acte n’a été commis par personne de la paroisse, mais, sans doute par quelque mauvais drôle ambulant… ce maudit chaudronnier, peut-être qui rôde toujours avec son âne vicieux… un âne que j’ai vu manger des chardons dans les trous même des vieux ceps. Cela donne une idée de la façon dont le chaudronnier élève ses baudets. Allons, ayez l’œil ouvert. C’est aujourd’hui dimanche, le jour de la semaine où, je regrette et je rougis de le dire, il se fait le plus de bruit et de vacarme. Entre les services et après l’office du soir, il se trouve toujours ici un tas de fainéants de tous les villages voisins, comme vous savez. Soyez sûr qu’on trouvera les vrais coupables rôdant autour des ceps et ils se trahiront d’eux-mêmes. Soyez tout yeux, tout oreilles, tout attention, et je ne doute pas qu’avant la fin de la journée, nous n’ayons tiré la chose au clair. Si nous réussissons, ajouta le squire, nous ferons un exemple du coupable.

— En attendant, dit Stirn, si nous ne le trouvons pas, il faudra que nous fassions tout de même un exemple. C’est cela, monsieur. C’est pour ça qu’on n’a pas respecté les ceps ; c’est qu’on n’a pas encore fait d’exemple, il nous faut un exemple.

— Sur l’honneur, je crois que vous avez raison, nous fourrerons