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dedans le premier fainéant que nous prendrons en faute, et nous l’y laisserons deux heures au moins.

— Bien volontiers, monsieur ; c’est là ce qu’il faut. »

Et M. Stirn ayant obtenu ce qu’il regardait comme un plein pouvoir sur toutes les jambes et sur tous les poignets des paroissiens d’Hazeldean, prit congé du squire.


CHAPITRE VIII.

« Randal, dit Mistress Leslie, ce mémorable dimanche, Randal as-tu l’intention d’aller chez mistress Hazeldean ?

— Oui, mère, répondit Randal. M. Egerton n’y voit point d’inconvénient ; et comme je ne dois pas retourner à Eton, je n’aurai d’autre occasion de voir Frank d’ici quelque temps. Il ne serait pas bien à moi de manquer de respect à l’héritier naturel de M. Egerton.

— Bonté divine ! s’écria mistress Leslie qui semblable à beaucoup de femmes de sa caste et de son rang, montrait dans ses paroles une certaine avidité, qu’elle ne laissait jamais voir dans sa conduite, bonté du ciel ! l’héritier naturel des anciennes terres de Leslie !

— Il est le neveu de M. Egerton, et, ajouta Randal découvrant ingénument le fond de sa pensée, et moi je ne lui suis rien.

— Mais, dit la pauvre mistress Leslie les larmes aux yeux, il serait bien mal de la part de l’homme qui paye ta pension, qui t’envoie à Oxford, qui te garde auprès de lui pendant les vacances, de n’avoir aucun but en agissant ainsi.

— Il en a un, ma mère… oui… mais ce n’est pas celui que vous pensez ; qu’importe. Il suffit qu’il m’ait donné des armes pour entrer dans la vie, je m’en servirai le mieux possible. »

La conversation fut interrompue par l’entrée des autres membres de la famille tout prêts à partir pour l’église. « Il ne peut pas être encore l’heure d’aller à l’office ! non, c’est impossible, » s’écria Mme Leslie, » qui n’était jamais à temps pour rien.

« Voici le dernier coup qui sonne, » dit M. Leslie qui, malgré sa lenteur, était méthodique et ponctuel.

Mme Leslie s’élança vers la porte (le sang des Montfydget était en ébullition), elle escalada l’escalier, se précipita dans sa chambre, arracha son plus beau chapeau du porte manteau, tira précipitamment son châle le plus neuf de sa commode, aplatit son chapeau sur sa tête, jeta le châle sur ses épaules, fixa à tort et à travers une épingle dans les plis pour cacher la place de boutons manquant au corsage de sa robe, et descendit comme un tourbillon.

Au sortir de l’office la famille Leslie dîna, et aussitôt après Randal se rendit à pied au château d’Hazeldean.