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Page:Bulwer-Lytton - Mon roman, 1887, tome 2.djvu/42

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CHAPITRE XII.

Le baron rentra dans le salon accompagné de Randal.

« Ces jeunes gens sont fort agréables, dit Lévy avec une légère ironie, en se jetant dans un fauteuil et attisant le feu. Et pas du tout fiers…, il est vrai qu’ils m’ont de grandes obligations, Oui, ils me doivent beaucoup… À propos, j’ai eu une longue conversation avec Frank Hazeldean. C’est un charmant garçon d’une capacité remarquable pour les affaires. Je me charge d’arranger les siennes. Je me suis assuré au bureau des testaments que vous aviez raison ; la propriété du Casino lui est substituée. Il dispose complètement de la réversibilité, de sorte que nos arrangements ne souffriront aucune difficulté.

— Mais je vous ai dit aussi que Frank se faisait scrupule d’emprunter sur la mort de son père.

— Oui, je sais. Touchante affection filiale ! Je ne tiens jamais compte de cela dans les affaires. Ces petits scrupules, quoique fort honorables pour la nature humaine, s’évanouissent généralement devant la pensée du King’s bench ; et puis comme vous l’avez judicieusement remarqué, notre jeune ami est amoureux de Mme di Negra.

— Il vous l’a dit ?

— Non, c’est Mme di Negra.

— Vous la connaissez donc ?

— Je connais presque tous les gens de la bonne compagnie qui ont parfois besoin d’un ami dans la direction de leurs affaires. Et m’étant assuré du fait que vous aviez avancé, quant à la propriété d’Hazeldean (excusez ma prudence), j’ai obligé Mme di Negra, et racheté ses dettes.

— Vraiment ! Vous m’étonnez !

— Votre surprise cessera quand vous réfléchirez. Mais vous êtes encore bien novice, mon cher Leslie. À propos, vous ai-je dit que j’ai eu une entrevue avec Peschiera ?

— Au sujet des dettes de sa sœur ?

— En partie. C’est un homme d’honneur et d’une grande délicatesse que ce Peschiera. »

Connaissant l’habitude qu’avait Lévy de vanter chez les gens les qualités qui leur manquaient évidemment, Randal se borna à sourire en entendant cet éloge, et attendit que Lévy reprît la parole, mais le baron demeura silencieux et préoccupé pendant quelques minutes, puis il changea entièrement de conversation.

« Je crois, dit-il, que votre père a des propriétés dans le comté de… Vous pourrez donc probablement me donner quelques informa-