Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/100

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ler à… « la maîtresse de l’hôtel, » me dit tranquillement la dame. Je suis venue simplement vous faire une petite visite pour vous demander comment vous vous trouviez, et pour voir s’il ne manquait rien à votre installation. »

C’est un peu tard, pensai-je, puisqu’il y a déjà six semaines que je suis dans la maison ; en même temps, je repassais dans ma tête les différents rapports que l’on m’avait faits sur les dispositions de mon hôtesse à la galanterie. Voyant que je ne pouvais faire autrement, je me résignai, avec la patience d’un martyr, au sort qui m’attendait. Je me levai, je m’approchai de sa chaise, je pris sa main (qui était rude et maigre) et la serrai affectueusement en manière de remercîment.

« J’ai vu beaucoup d’Anglais, me dit la dame, en s’exprimant pour la première fois dans notre langue.

— Ah ! » lui dis-je, avec un nouveau serrement de main.

À ce moment, Bedos entra et vint me dire, à l’oreille, que madame d’Anville était dans l’antichambre.

« Grands Dieux ! m’écriai-je, connaissant ses dispositions à la jalousie ! Qu’est-ce qu’il faut faire ? Rendez-moi un service, madame, et en même temps je pris par la main la malheureuse maîtresse d’hôtel, et ouvrant une porte de derrière : « Par là, lui dis-je, vous pouvez facilement vous échapper. Bonjour ! »

À peine avais-je fermé la porte et mis la clef dans ma poche, que madame d’Anville entra.

« Est-ce par votre ordre que votre domestique me fait attendre dans l’antichambre ? » me dit-elle avec hauteur.

Je m’efforçai de faire ma paix, mais tous mes frais d’amabilité furent en pure perte, elle était jalouse de mon intimité avec la duchesse de Perpignan, et elle était bien aise d’avoir un prétexte pour me faire une scène. Heureusement elle allait au Luxembourg ; en raccompagnant jusque-là, j’avais chance d’apaiser sa colère.

Nous sortîmes donc pour aller au Luxembourg. Je fis, en partant, à Bedos, différentes petites recommandations, et lui donnai congé jusqu’au soir. Une heure ne s’était pas passée que la mauvaise humeur de madame d’Anville m’avait donné un prétexte pour affecter moi-même des dispo-