Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/113

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CHAPITRE XXIV


Je trouvai à mon retour, Bedos, mon valet incomparable, couvert de sang et écumant de rage.

« Qu’y a-t-il ? lui dis-je.

— Ce qu’il y a ! » répéta Bedos, avec une voix presque étouffée par la fureur.

Alors, heureux de pouvoir exhaler sa rage, il lâcha une volée d’injures à l’adresse de notre Dame du château. Je parvins à la fin, à grande peine, à comprendre ce qui suit, au milieu de ses récriminations. L’hôtesse, enragée et déterminée à assouvir sa vengeance sur quelqu’un, l’avait fait venir dans son appartement, puis, l’accostant avec un sourire, l’avait invité à s’asseoir et l’avait régalé d’un vol-au-vent tout chaud et d’un verre de curaçao. Pendant qu’il se félicitait de sa bonne fortune, elle s’était esquivée, et à sa place s’étaient présentés trois grands gaillards armés de bâtons.

« Nous vous apprendrons, dit le plus gros des trois, nous vous apprendrons à enfermer les dames sous clef pour vous donner l’agrément d’une plaisanterie grossière ! » et sans autre explication, ils tombèrent sur Bedos avec une ardeur et une vigueur sans égales. Le vaillant valet, qui avait bec et ongles, se défendit de son mieux, mais il lui fallut succomber sous le nombre, et il fut rossé d’importance ; à ce moment la dame entra et le pria de ne point faire de cérémonie, de continuer à s’amuser, ajoutant qu’elle espérait que quand il serait las de cet exercice, il voudrait bien accepter un autre verre de curaçao.