Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/112

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« Oh ! dit-il après un instant, et en attachant de nouveau sur moi son regard faux et inquiet, son nom ! il y a très-peu de temps que je le connais. Mais comment donc s’appelle-t-il ? attendez ; » et M. Thornton avait l’air de se plonger dans un dédale de souvenirs confus.

Je voyais, de temps en temps, son œil se diriger vers moi, avec une expression de défiance et de curiosité, et se baisser aussitôt.

« Ah ! dis-je négligemment, je sais qui c’est !

— Oui ? s’écria Thornton sortant complètement de sa réserve.

— Pourtant, dis-je sans paraître remarquer son interruption, cela ne peut pas être : la couleur des cheveux est si différente ! »

Thornton parut de nouveau perdu dans ses souvenirs.

« War — Warbur — ah ! je l’ai maintenant, cria-t-il, Warburton, c’est cela, c’est bien son nom ; est-ce le même que vous croyiez, monsieur Pelham ?

— Non, dis-je, avec un air de satisfaction complète. Je m’étais trompé. Bonjour, il se fait tard. À samedi donc, monsieur Thornton ; au plaisir de vous revoir. »

« Quel rusé animal ! me dis-je en quittant son appartement. Pourtant on peut être trop fin. Maintenant je le tiens. »

Le plus sûr moyen de faire une dupe, c’est de laisser supposer à votre victime, que c’est vous qui êtes la sienne.