Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/135

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de les porter pendant six mois, et avant tout de les avoir sur vous demain aux Tuileries pendant deux heures. Vous rirez de ma requête ; elle vous semblera frivole et romanesque, et peut-être aurez-vous raison. L’amour met dans les sentiments une exagération que la raison condamne. Ne soyez donc pas étonné que le mien surtout exagère. Vous ne me refuserez pas, j’en suis sûre. Adieu. Nous ne nous reverrons jamais dans ce monde, adieu. »

« E. P. »

« Voilà une singulière effusion de sentiments, me dis-je, après avoir lu ce billet. Après tout, elle montre plus de cœur et de caractère que je n’aurais supposé. » Je pris la chaîne, c’était un bijou maltais, elle n’était pas jolie et n’avait de remarquable qu’un anneau en cheveux qui y était joint et si bien enchâssé qu’il aurait fallu la briser pour l’en détacher. « Voilà, me dis-je, un singulier caprice. Mais pas plus singulier que la personne elle-même ; et comme cela sent d’une lieue son aventure et son intrigue, je ne manquerai pas à tout événement de me montrer aux Tuileries demain avec la chaîne et la bague. »