Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/136

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CHAPITRE XXVIII


J’allai aux Tuileries à l’heure où l’on s’y promène d’habitude. Je mis en évidence la chaîne et l’anneau, dont l’éclat tranchait vivement sur la couleur noire de mes vêtements. Il n’y avait pas dix minutes que j’étais dans le jardin, quand j’aperçus un jeune Français, de vingt ans à peine, qui regardait d’un air singulier mon nouvel ornement. Il passa et repassa à côté de moi, beaucoup plus souvent que ne l’y forçait le va-et-vient de la promenade ; enfin il m’aborda le chapeau à la main, et me dit à voix basse, qu’il désirait vivement avoir avec moi un mot d’explication. Je vis tout d’abord que c’était un homme comme il faut, et je le suivis sous les arbres dans l’endroit le plus retiré du jardin.

« Permettez-moi, me dit-il, de vous demander d’où vous viennent cette chaîne et cette bague ?

— Monsieur, lui répondis-je, vous me comprendrez si je vous dis que l’honneur d’une autre personne est intéressé dans ce secret.

— Monsieur, dit le Français, en rougissant, j’ai déjà vu ailleurs ces objets ; en un mot, ils m’appartiennent. »

Je me mis à sourire et mon jeune héros prit feu : « Oui, monsieur, reprit-il d’un ton élevé et avec vivacité, ces objets m’appartiennent, et vous allez me les rendre immédiatement, sinon il vous faudra soutenir par les armes la prétention que vous avez de les porter.

— Vous ne me laissez pas le choix de la réponse, monsieur, lui dis-je, je vais chercher un ami qui va s’entendre