Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/170

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lance quand je lui avouai que j’étais tout prêt à lui fournir à cet égard les renseignements les plus satisfaisants. (La première pensée des gens de l’ancien régime qui ont bon cœur, est de vous bourrer l’estomac.) Il fit alors signe à un vieux domestique en cheveux blancs qui se tenait là, attendant ses ordres, et qui disparut aussitôt. Lord Glenmorris voulut bien m’informer que tout le monde avait fini de dîner, mais que je serais servi dans un instant ; que M. Toolington était mort quatre jours avant, que ma mère était en ce moment en tournée électorale pour moi et que mes qualités de candidat seraient mises à l’épreuve dès le lendemain.

Après cette communication, il y eut un instant de silence.

« Quelle belle résidence que celle-ci ! » lui dis-je, avec enthousiasme. Ce compliment naïf plut à lord Glenmorris.

« Oui, me répondit-il, et je l’ai embellie encore plus que vous ne pourriez croire.

— Vous avez fait sans doute des plantations de l’autre côté du parc.

— Non, me dit mon oncle en riant, la nature avait tout fait pour ce lieu quand j’y suis entré, sauf une seule chose, et cet ornement que j’y ai ajouté est le triomphe de l’art.

— Et qu’est-ce donc, lui demandai-je, est-ce l’eau ?

— Vous vous trompez, me répondit lord Glenmorris, cet ornement, ce sont des visages heureux. »

Je regardai mon oncle avec surprise. Je ne saurais dire combien je fus frappé de l’expression de sa physionomie où brillait une calme sérénité ; on eût dit qu’elle était éclairée par un rayon de soleil.

« Vous ne pouvez pas comprendre cela dans ce moment-ci, Henry, me dit-il, après un moment de silence, mais vous verrez par la suite que de toutes les règles pour améliorer une propriété, celle-ci est la plus facile à apprendre. Assez sur ce point. N’avez-vous pas été au désespoir de quitter Paris ?

— J’aurais été désolé en effet de le quitter il y a quelques mois, mais quand j’ai reçu la missive de ma mère, j’ai