Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/217

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de cinquante ans a peut-être bien le droit de consulter les intérêts de son propre bonheur, tout autant qu’un homme de trente ans ; et s’il s’attire par le choix qu’il fait, la risée des gens qu’il n’a jamais obligés, c’est du moins chez ceux qu’il a obligés, qu’il doit s’attendre à trouver tout appui et toute déférence.

La tête pleine de ces idées, j’écrivis à mon oncle une lettre de félicitation sincère et affectueuse. Sa réponse fut, comme lui-même, bienveillante, tendre et généreuse ; il m’informait qu’il m’assurait définitivement ma pension de mille livres sterling, et que, dans le cas où il aurait un fils, il me laisserait, après sa mort, un revenu de deux mille livres. Il finissait en m’assurant que son seul regret, en épousant une dame qui était, à tous égards, la femme la plus capable de le rendre heureux, c’était la répugnance sincère qu’il avait à me priver d’une position que non-seulement (il le disait avec plaisir) j’avais méritée, mais à laquelle je ne pouvais que faire honneur.

En recevant cette lettre, je fus touché de la bonté de mon oncle ; et loin de me plaindre du parti qu’il avait pris, je lui souhaitai, du fond du cœur, tous les bonheurs possibles, même un héritier, ce qui me priverait, hélas ! du titre de lord Glenmorris.

Je prolongeai mon séjour à Malvern de quelques semaines. L’événement, qui venait d’apporter un si grand changement à ma fortune, n’en opéra pas moins dans mon caractère. Je pris une ambition plus sérieuse et plus solide. Au lieu de gaspiller mon temps en de vains regrets sur la situation que je venais de perdre, je pris la résolution d’en conquérir une plus brillante et plus glorieuse, par moi-même. Je me décidai à mettre en œuvre, pour atteindre ce but, le peu d’habileté et de talent que je possédais ; et quoique l’accroissement de mon revenu, grâce à la générosité de mon oncle, suffît à me mettre au-dessus de tous les besoins et me permît un certain luxe, je me dis que cela ne devait pas m’encourager à m’abandonner à mon indolence.

C’est dans cette humeur et cette disposition d’esprit que je me rendis à Londres.