Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/225

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ces de passer pour vraisemblable que la vérité même énoncée d’un ton indécis ; sans cela comment les prêtres de Brama et de Mahomet gagneraient-ils leur vie ?

— Ah ! voilà que vous devenez trop profond, monsieur Pelham !

C’est vrai, mais… »

Lady Roseville ne me laissa pas le temps d’achever : « Comment se fait-il, me dit-elle, que vous, qui pouvez parler en érudit des choses d’érudition, vous sachiez en même temps causer avec tant de légèreté de choses légères ?

— Ah ! lui dis-je, en me levant pour partir, c’est que les grands esprits sont disposés à penser que toutes les choses auxquelles ils attachent une valeur quelconque sont d’une égale importance. C’est ainsi qu’Hésiode qui était, vous le savez, un grand poète, quoiqu’il ait eu le tort de trop imiter notre Shenstone, nous dit que Dieu a distribué ses dons entre les hommes, donnant aux uns la valeur, aux autres le génie de la danse. Il m’était réservé, à moi, lady Roseville, de réunir les deux perfections. Adieu ! »

Ainsi, me dis-je, lorsque je fus seul, nous sommes obligés de tuer le temps à dire des sottises, jusqu’à ce que le destin nous apporte quelque chose de mieux. Attendant sur le rivage de la mer qu’un vent favorable emporte le vaisseau de notre destinée vers les aventures et la fortune, nous nous amusons avec les cailloux et les algues que nous trouvons sous la main.