Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/255

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CHAPITRE LI


Nous prîmes affectueusement congé de M. Gordon et nous nous retrouvâmes au grand air ; la pipe et l’absinthe avaient grandement contribué à entretenir notre ivresse, et nous étions plus éloignés que jamais de l’idée d’aller nous mettre au lit. Nous nous dirigeâmes, en riant et en plaisantant tout le long du chemin, vers une station de fiacres. Nous prîmes le premier venu et nous nous fîmes conduire à Piccadilly. Le cocher nous arrêta au coin de Haymarket.

« Deux passées ! cria le garde de nuit comme nous passions auprès de lui.

— Tu en as menti, gredin, lui dis-je, nous venons de passer trois. »

Nous étions tellement gais que cette mauvaise plaisanterie nous fit rire aux éclats. Voyant de la lumière à travers la porte du Salon Royal, nous frappâmes et l’on nous ouvrit. Nous nous assîmes à la seule table qui fût libre et nous nous mîmes à considérer les élégants citoyens qui encombraient la salle.

« Holà, garçon ! cria Tringle, du vin chaud. — Je ne sais pas comment cela se fait, mais le diable lui-même ne pourrait pas me guérir de ma soif. Le vin et moi nous éprouvons l’un pour l’autre une affinité chimique. — Vous savez que nous avons déjà vu qu’on pouvait apprécier la force d’attraction de deux corps l’un pour l’autre, d’après la force qui est nécessaire pour les séparer. »

Au moment où nous nous livrions à toutes les excentri-