Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/264

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prétendent prévoir la chance d’une coalition entre eux et M. Gaskell, aux principes duquel, ajoutent les mêmes personnes, ils se seraient ralliés peu à peu. »

Vincent s’arrêta un moment, et me regarda en face. Je dirigeai mes yeux vers les siens pour y lire sa pensée. Il changea de contenance et continua ainsi :

« Maintenant, écoutez-moi ; une telle coalition est impossible. Vous riez… Eh bien, je le répéte. Mon but est de former un troisième parti. Peut-être, pendant que les deux grands partis convoitent à l’avance la succession du cabinet, s’en présentera-t-il subitement un troisième qui héritera. Faites-moi espérer qu’il n’est pas impossible que vous vous réunissiez à nous, et je vous en dirai davantage. »

Je restai pensif pendant quelques minutes avant de répondre à Vincent ; à la fin, je lui dis :

« Je vous remercie sincèrement de votre proposition ; dites-moi seulement le nom de deux membres de votre parti et je vous répondrai.

— Lord Lincoln et lord Lesborough.

— Quoi ! lui dis-je, le Whig qui a dit à la chambre haute que quelle que fût la misère du peuple on ne devait pas lui sacrifier un seul des privilèges despotiques de l’aristocratie. Allons donc ! je ne veux de lui à aucun prix. Quant à Lesborough, c’est un sot et un fanfaron, qui s’en va partout, faisant résonner son grand soufflet de forge oratoire, d’où il ne sort que de la fumée et du bruit. Je ne veux ni de l’un, ni de l’autre.

— Vous avez raison dans le jugement que vous portez sur mes deux confrères, me répondit Vincent, mais il faut nous servir de mauvais instruments pour atteindre notre but qui est bon.

— Non, non, lui dis-je, le premier charpentier venu vous dira le contraire. »

Vincent me regarda avec défiance.

« Tenez, me dit-il, je sais qu’il n’y a pas d’homme qui désire plus que vous des places, le pouvoir et la réputation. Est-ce vrai ?

— Oui, lui répondis-je.