Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/286

La bibliothèque libre.
Aller à la navigation Aller à la recherche
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHAPITRE LVII


Tout en marchant pour rentrer chez moi, je repassais dans ma tête les détails de la scène dont je venais d’être témoin ; alors les paroles de Tyrrell me revinrent en mémoire. Si Glanville le haïssait, c’est que Tyrrell l’avait supplanté dans une liaison de jeunesse. Cette version ne me parut pas trop vraisemblable. D’abord, ce n’était pas là une cause suffisante pour un pareil effet ; en second lieu, il était peu probable qu’un homme jeune et riche comme l’était Glanville, doué de tous les moyens de plaire, remarquablement beau, eût été supplanté par un pauvre débauché grossier de manières, d’un esprit inculte, et vieilli avant l’âge.

Pendant que je méditais sur ce mystère qui excitait ma curiosité autant que puisse être excitée la curiosité d’un homme sage par un évènement qui ne le touche pas directement, je fus accosté par Vincent. La différence de nos opinions politiques nous avait depuis quelque temps éloignés l’un de l’autre ; aussi fus-je quelque peu surpris de le voir s’emparer amicalement de mon bras et m’emmener du côté de Bond-Street.

« Écoutez-moi, Pelham, me dit-il, je vous ai déjà offert un établissement dans notre colonie. Il y aura bientôt de grands changements ; croyez-moi, un parti aussi radical que celui auquel vous vous êtes donné ne peut pas triompher ; le nôtre, au contraire, est à la fois modéré et libéral. Décidez-vous, il n’est que temps ; je sais que vous allez