Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/40

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CHAPITRE IX


Je fus enchanté de me retrouver à Londres. Je me fis conduire d’abord à la maison de mon père dans Grosvenor-square. Toute la famille, c’est-à-dire ma mère et lui, était allée à H. et, malgré mon aversion pour la campagne, je crus pouvoir m’aventurer à aller jusque chez lady…, passer un ou deux jours. J’arrivai donc à H. C’est une habitation princière. Quel vestibule ! Quelle galerie ! Je trouvai ma mère au salon, admirant un portrait du feu roi. Elle s’appuyait sur le bras d’un grand jeune homme blond. « Henry, me dit-elle, en me présentant à lui, reconnaissez-vous votre ancien condisciple, lord George Clinton ?

— Certainement, dis-je (en réalité je ne me le rappelais pas du tout) ; et nous échangeâmes la poignée de main la plus cordiale du monde. Soit dit en passant, il n’y a pas de plus grande corvée, que d’être appelé à reconnaître des gens avec lesquels on a été au collège dix ans auparavant. D’abord, si vous n’avez pas été dans la même classe, c’est à peine si vous vous êtes connus et si vous vous êtes parlé. En second lieu, à supposer que vous ayez été dans la même classe, ce quelqu’un et vous, vous avez complètement changé de manière de voir depuis votre sortie du collège. En effet je n’ai jamais vu des camarades d’enfance se retrouver avec plaisir, après avoir conservé les mêmes goûts. Preuve évidente de la folie des gens qui envoient leurs fils à Eton et à Harrow pour y contracter des liaisons.