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CHAPITRE XII


Le lendemain matin, je reçus une lettre de ma mère. « Mon cher Henry » ainsi commençait l’épître de ma tendre mère !

« Mon cher Henry,

« Vous voilà définitivement entré dans le monde ; je sais bien qu’à votre âge on ne suit guère les avis d’une mère, mais mon expérience peut ne pas vous être inutile. Voici quelques préceptes que je vous donne pour ce qu’ils valent et qui peuvent contribuer à votre instruction et à votre bonheur. J’espère d’abord que vous avez remis vos lettres d’introduction à l’ambassadeur, et que vous ne manquerez pas d’aller chez lui le plus souvent possible. Faites surtout votre cour à l’ambassadrice. C’est une charmante femme que tout le monde aime, et l’une des très-rares personnes de notre nation avec lesquelles on puisse être civil sans aucun risque. À propos de la civilité anglaise, vous vous êtes aperçu, j’espère, qu’il faut avoir d’autres manières avec les Français qu’avec les Anglais. Chez nous la moindre apparence de sensibilité ou d’enthousiasme, est un moyen certain d’attirer la moquerie ; mais en France vous pouvez vous hasarder à faire montre de quelque sensibilité. Soyez-en sûr, si vous affectez l’enthousiasme, ils vous feront passer pour un homme de génie et vous reconnaîtront par surcroît toutes les qualités du monde. En Angleterre, vous le savez, si l’on a l’air de