Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/146

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question sera décidée ; ne pensez donc pas que je fasse aucun sacrifice en vous demandant de me permettre de suivre votre avis pour disposer de mes quatre voix. J’imagine, naturellement, que vous ne serez pas fâché qu’elles suivent le parti opposé à lord Dawton ; et sur le reçu d’une ligne de votre main à cet effet, mes quatre voix recevront leur direction.

« Ayez l’obligeance aussi, je vous prie, de prendre sur vous tout le mérite de cette mesure, et de dire (partout où cela peut vous être utile) que les votants et leur influence sont à votre discrétion. J’ai la confiance que nous ferons voir à ce dragon que Bel n’est pas mort, et que nous le renverserons de son piédestal.

« Plaignez-moi, mon cher ami ; je dîne aujourd’hui en ville, et je sens déjà, à un frisson intuitif, que la soupe sera froide et que le xérès sera chaud. Adieu.

Tout à vous,
« Guloseton. »


Maintenant, donc, mon triomphe, ma vanité et ma vengeance pouvaient se trouver satisfaits. Devant moi se présentait une occasion d’or pour déployer ma propre puissance et humilier celle du ministre. Ma poitrine se gonflait à cette pensée. Qu’on me pardonne, si, pour un moment, tous mes calculs de haute moralité s’évanouirent, et si je ne vis plus que l’offre de Vincent et la générosité de Guloseton. Cependant je réprimai les élans de mon cœur et je forçai mon esprit orgueilleux à l’obéissance.

Je plaçai la lettre de Guloseton devant moi ; et, comme je la relisais pour y répondre, la bonté désintéressée et la délicatesse d’un homme que j’avais longtemps, dans l’injustice de mes pensées, taxé d’égoïsme, se présentèrent à moi avec tant de force, et contrastèrent si profondément avec l’inanité d’autres amis plus retentissants qui faisaient grand bruit de leur dévouement et de leurs principes que mes yeux se remplirent de larmes.

Mille déceptions font moins de peine qu’un bon procédé ne fait de plaisir.

J’écrivis en réponse une lettre bien sentie de remer-