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plus forte que la vengeance, et il n’aura pas été trois minutes au grand air qu’il verra la folie de perdre une moisson d’or qu’il peut encore récolter avec moi, pour satisfaire sa colère d’un moment. Non, le meilleur plan que j’aie à suivre est d’attendre ici jusqu’à demain, comme je l’avais résolu dans l’origine. Pendant ce temps, selon toute probabilité, il me fera une autre visite et nous verrons à régler ses prétentions. »

En dépit de mes craintes, je ne pouvais que reconnaître la justesse de ces observations, d’autant plus qu’un argument, encore plus fort qu’aucun de ceux que m’avait présentés Glanville, me venait malgré moi à l’esprit ; c’était ma conviction intérieure que Thornton lui-même était coupable du meurtre de Tyrrell, et qu’en conséquence, dans son propre intérêt, il éviterait tant qu’il pourrait l’examen nouveau et approfondi de ce terrible événement.

Nous nous trompions tous les deux. Les scélérats ont des passions aussi bien que les honnêtes gens ; et par suite, ils manquent souvent à leur propre intérêt pour obéir à ces passions.

Glanville était tellement affaibli par sa dernière émotion qu’il me supplia de nouveau de le laisser à lui-même. Je le fis, sous la promesse, qu’il me recevrait encore dans la soirée, car malgré ma persuasion que Thornton n’exécuterait pas ses menaces, je ne pouvais vaincre un pressentiment secret de crainte et de malheur.