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CHAPITRE LXXX


Ponctuel au rendez-vous, le lendemain matin arriva M. Job Jonson. J’avais été dans les tortures de l’attente les trois dernières heures avant son arrivée, et la chaleur de mon accueil dut chasser le peu de défiance qui aurait pu troubler encore un gentleman aussi timide.

Sur mon invitation il s’assit, et voyant que mon déjeuner était sur la table, il fit la remarque que le grand air lui donnait toujours un fameux appétit. Je ne me le fis pas dire deux fois et je poussai les flûtes vers lui. Il se mit immédiatement à la besogne ; pendant le premier quart d’heure, sa bouche fut trop bien occupée pour permettre aux paroles l’impertinente indiscrétion d’interrompre cet exercice. Enfin la table fut desservie et M. Jonson commença.

« J’ai bien médité sur notre affaire, Votre Honneur, et je crois que nous pouvons manœuvrer de manière à étriller les coquins. Car j’en tombe d’accord avec vous : il n’y a aucun doute que Thornton et Dawson ne soient les véritables criminels. Mais, monsieur, que de difficultés ! quelle délicatesse il faut ! que de dangers personnels à courir ! Ma vie peut payer le désir que j’ai de vous être utile ; vous ne serez donc pas surpris que j’accepte votre offre libérale des trois cents livres de pension, si je réussis. Je puis vous assurer maintenant, monsieur, que ma première intention était de refuser toute récompense ; car je suis bienveillant de mon naturel, et j’aime par goût à faire une bonne action. En vérité, monsieur, si je n’avais à penser